Catherine Connolly, la nouvelle présidente de l'Irlande


Catherine Connolly assiste au championnat national irlandais de labour à Screggan, en Irlande, le 16 septembre 2025. REUTERS/Clodagh Kilcoyne/Photo d'archive

Son parcours 

Originaire de Galway, ville emblématique de la côte ouest irlandaise, Catherine Connolly est la nouvelle présidente irlandaise élue ce 26 octobre.  Elle incarne une figure singulière de la politique irlandaise s’impose comme une voix indépendante au Dáil Éireann (le Parlement irlandais).. Elle débute sa carrière au conseil municipal de Galway, puis est élue députée en 2016 après avoir quitté le Labour Party en 2006 pour dénoncer sa dérive centriste. 

Son parcours est marqué par une activité parlementaire très dense :

  • elle siège au Comité des comptes publics, chargé de la transparence et du contrôle des finances de l’État ;

  • elle est présidente du Comité sur la langue irlandaise, le Gaeltacht et les îles, défendant la culture gaélique et les régions insulaires ;

  • réélue en 2020, elle crée la surprise en devenant, le 23 juillet 2020Leas-Cheann Comhairle (vice-présidente du Dáil Éireann), après avoir battu le candidat du Fine Gael, Fergus O’Dowd.

Ces rôles confirment son image de travailleuse rigoureuse, indépendante des partis traditionnels, et profondément attachée à la transparence, à la démocratie locale et à la préservation du patrimoine culturel irlandais.

Son élection à la présidence, avec 63,4 % des suffrages, marque un tournant dans la politique irlandaise.
Pour la première fois, toute la gauche irlandaise, du Labour au Sinn Féin, s’est unie derrière cette candidate indépendante. Cette coalition a permis à Connolly de battre Heather Humphreys (Fine Gael), représentant les partis traditionnels affaiblis par la crise du logement et la montée des tensions autour de l'immigration. 


Une présidence certes symbolique, mais qui prend sous Catherine Connolly un tournant qui pourrait entrer dans l'Histoire 

La volonté de Catherine Connolly de réunifier le Nord et le Sud de l’Irlande s’inscrit dans une longue tradition républicaine, mais elle s’en distingue par sa démarche pacifiste, humaniste, inclusive et démocratique. Pour elle, la partition de 1921 qui a séparé l’île entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, restée britannique, représente encore une blessure historique et identitaire. Elle estime que cette division n’a plus lieu d’être dans une Irlande moderne, ouverte, européenne et tournée vers la paix. Connolly considère le Nord comme “un membre coupé de la République”, selon ses propres mots, et plaide pour que tous les Irlandais, où qu’ils vivent sur l’île, puissent participer à la vie démocratique de la nation. Elle a notamment suggéré que les citoyens nord-irlandais puissent voter à la présidentielle, un geste symbolique fort qui illustrerait la reconnaissance d’une communauté de destin entre les deux territoires.

Son approche se distingue du ton plus militant du Sinn Féin :
plutôt qu’une réunification rapide ou imposée, Connolly défend une réunification progressive, fondée sur le dialogue, la réconciliation et le respect des identités, notamment celle des unionistes pro-britanniques du Nord. Elle insiste sur trois principes :

  1. La voie pacifique : toute réunification doit découler d’un consensus démocratique, et non de la contrainte politique ou du nationalisme agressif.

  2. L’égalité sociale et territoriale : la réunification ne peut être durable que si elle profite à toutes les régions et réduit les inégalités économiques.

  3. La continuité européenne : après le Brexit, une Irlande réunifiée permettrait de réintégrer pleinement le Nord dans l’Union européenne, assurant stabilité et prospérité communes.

Rouvrir le livre sur l’unité irlandaise sans éteindre la paix : tel est le pari audacieux de la nouvelle présidente.



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