No Bones by Anna Burns (2001)




No Bones est le premier roman d'Anna Burns publié trois années seulement après les Accords du Vendredi Saint. Même si l'écriture n'est pas aussi complexe que celle de Milkman, le roman montre un certain scepticisme dans l'abord des thématiques. Le roman bouleverse l'horizon d'attente du lecteur qui est strictement contraint à la résistance sémiotique du rapport signifiant et signifié ordinaire. En effet, les sous-titres de chaque chapitre nous indiquent des évènements chronologiques liés à la nature politique du conflit irlandais, mais c'est en fait de la vie personnelle de la protagoniste dont il s'agit. 

Cette narratrice d'abord enfant, adolescente, puis adulte ne peut se raconter, on dirait, qu'en racontant une autre histoire, celle du conflit irlandais. C'est ainsi dans une latence qui ne se raconte qu'à demi-mot que corps humain et corps étatique perdent leur caractère univoque dans le roman pour former une nouvelle entité subjective et homogène. Basculer d'une ville à l'autre, d'un hôpital qui ne peut rien pour guérir cette jeune femme d'un lourd traumatisme, il faut désormais survivre. Il s'agit maintenant de se (re)construire. D'arriver à sortir mentalement du contexte irlandais. Mais comment, lorsque le corps est confiné dans un environnement familial qui s'avère plus difficile à affronter que le conflit politique en lui-même ? 

Anna Burns a choisi de faire évoluer son personnage à Ardoyne, un quartier catholique de Belfast dans lequel tout est prétexte à la surveillance des jeunes femmes, lorsqu'un simple buisson est le reflet idéologique de la société carcérale, où le corps féminin n'est qu'un corps mis à disposition dans l'espace public pour certains prédateurs. Le pouvoir de surveillance exercé sur les jeunes femmes reflète la nature idéologique d'une société panoptique telle que décrite par Michel Foucault dans Surveiller ou Punir (1949). Cette société ne relève pas d'une dystopie de George Orwell mais bien des agissements du petit ami d'Amelia, Janto Pierce, et des paramilitaires. Voici une citation qui permet d'illustrer avec justesse l'enfermement et l'assujettissement de la femme dans le roman, 

 

« It appeared to be an innocent bush, doing absolutely nothing, but this here was Belfast so you could never be sure. Some bushes were military intelligence - and took pictures. It was hard to see what this particular bush was up to, for the car was going fast and besides, when it came down to it, who gave a damn about those things anyway? »

 

Le structure imbriquée du récit semble renoncer au discours hégémonique des Troubles, par conséquent profondément homogène et phallocentrique, pour laisser place à une mise en abyme destinée à faire saillir aussi bien l'intelligibilité que la structuration du récit d'Amélia Lovett. La technique se substitue prudemment de l'acte de créer de simples jeux de miroirs dans le but saisissant de dévoiler un principe récursif servant comme base autoréflexive (entre son propre récit des Troubles et son récit personnel). La mise en abyme dans le roman sert donc de principe autoréflexif, il s'agit d'un dialogue intérieur, d'une fenêtre sur l'esprit, d'une conversation que la protagoniste entretient avec elle-même.  

 

 

NO BONES BY ANNA BURNS

2001

 

 

 

Written by Josephine B. Simone P. Heaney






 

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